Lettre du 4 novembre 2021
Joyeuse Dīpāvalī !
Dīpāvalī, ou Dīvālī, est l’occasion en Inde de célébrer la victoire du dharma sur le chaos. Dans le nord, elle marque le début de la nouvelle année ; dans tout le pays, c’est une fête qui plaît généralement beaucoup aux enfants, car elle est synonyme de feux d’artifice, pétards à volonté et sucreries.
Dīpāvalī signifie littéralement « rangée de lampe » : on met un peu de ghī (beurre clarifié) dans de petites coupes en terre cuite avec une mèche qu’on allume. Ces petites lampes brûlent toute la nuit, offrant un spectacle lumineux et chaleureux !
Connais-toi toi-même… mais comment ?
Lors de notre dernier cours sur le chapitre 2 de la Bhagavad-gītā, nous nous sommes demandé dans quelle mesure il serait possible de connaître la réalité de laquelle émerge l’univers tout entier, le soi tel qu’il est décrit dans ces passages.
Au verset 18, « cela » (le soi) est qualifié de अप्रमेय, aprameya : il se soustrait aux moyens de connaissance comme la perception par les sens, le raisonnement logique, le témoignage, etc. En effet, le soi ne devient jamais un objet de connaissance. Dans le soi, l’objet de connaissance, le sujet qui connaît, le moyen de connaissance et la connaissance elle-même se confondent.
Comment alors connaître cette réalité ultime ?
La nature de la conscience est de révéler le monde, et même son absence dans certains états de méditation ou de sommeil. Le simple fait que nous percevons le monde nous révèle que notre nature est la conscience même.
🪔 L’absolu est dit स्वतःप्रकाश, svataḥprakāśa – tel la lampe de Dīpāvalī, le soi s’illumine par lui-même.
Le désir de se connaître soi-même ne peut donc pas être assouvi comme le sont les désirs ordinaires, en amenant l’objet désiré dans le champ de nos perceptions. D’ailleurs, on peut considérer qu’il serait paradoxal, voire absurde, de vouloir se connaître soi-même – car comment pourrait-on s’ignorer ?
Et pourtant, nous faisons état de souffrances qui découlent nécessairement d’une notion de dualité : soit nous sommes loin de celleux que nous aimons, soit nous devons supporter ce dont nous aimerions nous passer. Si le soi est toujours présent, toujours conscient, c’est notre propre nature qui nous échappe par moments. Cette ignorance est surmontée par la connaissance. Comme nous l’avons vu dans nos derniers ateliers et dans la lettre du 21 octobre, celle-ci passe par :
👂 श्रुति, śruti, littéralement « ce qui est entendu », les enseignements
🧐 युक्ति, yukti, la réflexion
🧘 अनुभूति, anubhūti, l’expérience directe
À la lumière de tout cela, je vous invite à relire et à réfléchir au chapitre 2, verset 22 et suivants, à mener vos réflexions et à m’envoyer par e-mail vos questions éventuelles.
À très vite 🙂
Sophie
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