Les Védas remontent littéralement à l’aube des temps – ou du moins en partie à la pré-histoire. Tenus secrets et transmis oralement pendant des millénaires, on les retrouve dorénavant sous forme de livre, et même en traduction. Si le texte est donc accessible à toustes, sa signification continue de résister à la vulgarisation.
Les textes védiques en sanskrit sont récités quotidiennement en Inde et dans le monde entier : on appelle « mantra » tout fragment de texte issu des Védas.
Pourquoi les Védas ont-ils traversé les âges ?
Parce qu’ils traitent des moyens de surmonter la notion d’incomplétude a priori inhérent à l’existence humaine et qui est, selon les Védas, source de souffrance. Les méthodes dépendent des personnes, de l’intensité du problème…
Initialement, la vision de la vie selon la première partie des Védas, कर्म-खण्ड ou karma-khaṇḍa (« partie de l’action ») est fondée sur une culture de l’action. Les textes proposent entre autres des rituels à réaliser pour obtenir les résultats désirés, parfois à relativement court terme, mais souvent aussi dans une vie ultérieure (donc après la mort) dans le cadre de la doctrine de la réincarnation.
La spécificité des Védas réside dans le fait que les savoirs qu’ils contiennent ne peuvent pas être le fruit de l’observation ni de l’inférence (raisonnement logique). Sans connaître ces textes, impossible de savoir ni de deviner que tel mantra récité dans tel contexte et en réalisant telle action produira le résultat escompté. Cela explique en partie le statut particulier accordé à ces textes.
Avec le temps, et la maturité, les personnes sont moins contrôlées par leurs désirs et sont donc moins susceptibles d’entreprendre des projets de grande envergure pour accéder à leurs désirs. En outre, si elles ont réalisé des rituels et obtenu les résultats souhaités, leur confiance dans les Védas aura atteint un certain niveau.
Entre alors la deuxième partie des Védas, ज्ञान-खण्ड ou jñāna-khaṇḍa (« partie de la connaissance ») : c’est le védanta. L’étude, la réflexion et l’introspection amènent la fin de l’action (कर्म ou karma) et donc des पुरुषार्थ ou puruṣārtha, les quatre objectifs qui nous poussent à agir, mais aussi des दृष्ट-फल, ou dṛṣṭa-phala, et अदृष्ट-फल, ou adṛṣṭa-phala, c’est-à-dire les fruits des actions, immédiats ou non.
L’individu est auto-suffisant, pleinement émancipé des contraintes intérieures et extérieures, et reconnait à tout moment la nature satisfaisante de l’instant présent. Pour la personne qui a dépassé la notion d’incomplétude, les Védas sont aussi utiles qu’une goutte d’eau dans l’océan.